Équipe de recherche en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec

Conférencier·ères invité·es

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Rachida Azdouz

L'interculturalisme en question : approche distincte, assimilationnisme maquillé ou multiculturalisme fardé?

Résumé

L'interculturalisme, en tant que modèle alternatif de gestion du fait minoritaire, s’est toujours heurté au scepticisme des tenants de l'assimilationnisme, qui lui reprochent ses manifestions folkloriques, sa timidité à imposer des valeurs communes ou à s'imposer en tant que politique publique officielle. De leur côté, les tenants du multiculturalisme y voient une approche sans valeur ajoutée et sans identité propre, qui oscille entre l'idéal républicain et l'idéal multiculturaliste. 

Dans le contexte actuel, marqué par les tensions raciales et les appels à la justice réparatrice, au Canada comme en Europe, la "proposition interculturelle", avec toutes ses variantes, est pourtant en mesure d'offrir des éléments de réponse à certaines questions soulevées par le vivre ensemble et qui ne peuvent être traitées sur le seul terrain juridique, qu'il s'agisse de justice punitive ou de justice transitionnelle.

Après avoir explicité   les promesses, les fausses perceptions (mais aussi les limites inhérentes à l'approche) qui ont marqué les 25 dernières années, la conférencière dégagera quelques pistes de réflexion pour une contribution de l'interculturalisme au débat et aux politiques publiques.

Sa conférence aura lieu le lundi 19 juin de 10h00 à 11h00 à la salle DKN-1157.

Biographie

Rachida Azdouz est psychologue spécialisée en relations interculturelles, auteure, chroniqueuse et chercheure affiliée au LABRRI (Université de Montréal). Ses champs d'expertise sont les stratégies identitaires et la gestion des conflits de valeurs et de droits. Membre du Conseil des relations interculturelles de 1997 à 2001, du Conseil Supérieur de l’éducation de 2001 à 2010 et du Conseil Supérieur de la langue française de 2013 à ce jour. En 2007 elle a été membre de la Commission Bouchard Taylor sur les mesures d’accommodement liées au motif religieux.

Elle a participé en tant que co-auteure à plusieurs ouvrages scientifiques sur les thèmes de l'identité, la laïcité et le pluralisme, notamment:

  • La commission Bouchard-Taylor 10 ans après : Éditions Québec Amérique, 2017

  • Histoires d'immigration: Presses de l'Université du Québec, 2014

  • Les accommodements raisonnables : Éditions Yvon Blais, 2007

  • Éthique et droit, nouveaux défis : Éditions Yvon Blais 2009

Elle a publié récemment une trilogie sur le débat identitaire chez Edito (Gallimard) :

  • Le vivre ensemble n’est pas un rince bouche, 2018

  • Pas de chicane dans ma cabane, 2019

Panser le passé, penser l’avenir, 2021

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Marc Maesschalck

Migration et interculturalité. Sens et enjeux d’un mieux vivre ensemble 

Résumé

Coconstruire l’espace du vivre ensemble demande une relance constante de l’intelligence collective tant du côté des pratiques d’intervention sociale que du côté des politiques publiques. Sans cette forme d’intelligence du vivre ensemble, la tentation est d’agir par décret de manière à renforcer le contrôle et à contraindre à la répétition d’un mode de vie.

Pourtant, d’autres voies sont possibles. L’Interculturalité active, celle orientée vers le développement collectif de capacités interculturelles, peut devenir un véritable processus d’expérimentation démocratique de nouvelles formes de vie. A la base de cette autre direction, il y a la question fondamentale de l’égalité non seulement comme condition préalable d’une reconnaissance de l’autre dans ses aspirations et ses désirs, mais aussi comme clé pour coconstruire des formes de gouvernance capables d’apprendre de ces « autres » en en faisant des partenaires.  En outre, se pose également la question des formes de vie hégémoniques, lesquelles favorisent l’insensibilité aux traumas des   expériences vécues hors de leur sens commun.

Comment rendre possibles des dispositifs attentifs aux situations de vulnérabilité et de trauma ? Comment créer et recréer du lien culturel commun à partir de ces situations ? Comment tirer parti des résistances à la répétition du même dans l’ordre des politiques d'accommodement, pour remettre en marche la temporalité des sujets, à travers des récits nouveaux et des processus de désapprentissage de la mise en silence d’autres façons de « senti-penser » le rapport au monde possible en commun ? Si nos manières d’interagir et de décider collectivement gagnent en capacité d’identification et de débat sur ce qui fait blocage et produit les replis défensifs, elles peuvent alors devenir porteuses d’un mieux vivre ensemble.

Sa conférence aura lieu le mardi 20 juin, de 13h30 à 14h30 à la salle DKN-1157.

Biographie

Marc Maesschalck est professeur de philosophie à l’Université catholique de Louvain et directeur du Centre de philosophie du droit (CPDR). Il a enseigné en Haïti, au Québec, au Luxembourg et en France. Il a publié de nombreuses études en philosophie sociale et politique ainsi qu’en éthique et en théorie du droit. En Belgique, il est engagé dans différents secteurs de la société civile (école syndicale, alphabétisation, éducation populaire).

Ses derniers ouvrages sont

  • Les défis d'un nouvel internationalisme (avec L. Dusoulier, Weyrich, 2021)

  • Nouvelle critique sociale, Europe-Amérique Latine, Aller-Retour (avec Alain Loute, EuroPhilosophie Éditions, 2022 / Polimetrica, 2011)

  • Reflexive Governance for Research and Innovative Knowledge (Wiley-ISTE, 2017)

  • La cause du sujet (Lang, 2015)

JEANES

 

Jenny Jeanes

Vue du terrain - tendances en matière de protection des réfugiés au Canada

Résumé

Travailler aux côtés de personnes détenues pour des raisons d'immigration, y compris des demandeurs d'asile détenus faute de documents suffisants prouvant leur identité, ainsi que des personnes sans statut menacées d'expulsion du Canada, permet de constater directement les nombreuses lacunes en matière de droits fondamentaux pour les non-citoyens au Canada. Les défis dans l'accès à la justice, l’absence d’un mécanisme d’imputabilité et de surveillance des actions d’exécution de la loi, les traitements déshumanisants et le manque de transparence ne sont que quelques-uns des problèmes.

La collaboration avec d'autres organisations communautaires du Québec au sein de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) donne un aperçu des défis auxquels sont confrontés les travailleurs de première ligne et les organisations à but non lucratif qui travaillent avec les demandeurs d'asile. Un manque général de financement pour le secteur s'entrecroise avec une complexité d’enjeux et de systèmes juridiques et administratifs, les expériences spécifiques d'une population où les traumatismes et les vulnérabilités sont courants, et un accès insuffisant à l'aide juridique et à d'autres besoins de base. Face à ces défis structurels, les organisations tentent de se rassembler pour se soutenir mutuellement, innover dans leurs pratiques et résoudre les problèmes.

Le fait de participer au Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) permet d'échanger des informations, de mener des actions de plaidoyer collectives et de faire preuve de solidarité avec d'autres personnes et groupes à travers le Canada qui travaillent ensemble à la promotion d'un changement positif dans les systèmes d'immigration. Grâce à sa structure de base, le CCR intègre directement les expériences de première ligne dans ses activités de plaidoyer auprès du gouvernement, ainsi que dans ses activités d'éducation et de sensibilisation du public aux droits des réfugiés et des migrants.

Le fait de naviguer entre l’intervention directement sur le terrain auprès des personnes vulnérables et marginalisées, la collaboration avec d'autres groupes au Québec et le plaidoyer collectif aux plus hauts niveaux du gouvernement du Canada, permet une combinaison unique de points de vue sur les défis de la protection des réfugiés au Canada aujourd'hui. L'élargissement récent de l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) est un exemple clair de cette expérience transversale de première ligne et des lacunes sérieuses concernant le respect des droits fondamentaux des personnes réfugiées.

Sa conférence aura lieu le mercredi 21 juin, de 8h30 à 9h30 à la salle DKN-1157.

Biographie

Jenny Jeanes est coordonnatrice du programme de détention chez Action Réfugiés Montréal, offrant un soutien aux personnes détenues pour fins d'immigration au centre de surveillance de l'immigration à Laval depuis presque 18 ans. Elle possède 20 ans d'expérience d'accompagnement et de défense des droits des personnes demandeuses d'asile et à statut précaire. Jenny est très active au sein de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) et est actuellement vice-présidente du Conseil canadien pour les réfugiés.