Au-delà du travail agricole migrant, des personnes à part entière
Stéphanie Arsenault, Université Laval
Le projet suivant est une exposition photographique intitulée « Au-delà du travail agricole migrant, des personnes à part entière ». Il s’agit d’une exposition qui pose un regard bienveillant sur ces personnes qui consacrent une large partie de leur vie à nourrir les Québécois. Il présente des portraits grand format de 15 travailleurs agricoles migrants guatémaltèques et mexicains œuvrant dans la région de Québec.
Les travailleurs agricoles étrangers que l’on rencontre dans la région de Québec séjournent ici en vertu du Programme de travailleur agricole saisonnier (PTAS) et du volet agricole du programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Le premier de ces programmes existe depuis 1974 et mobilise des travailleurs du Mexique des Antilles pour des séjours de travail sur les fermes ne dépassant pas huit mois par année. Le second, plus récent, mobilise des travailleurs de divers pays, pour une durée maximale de 24 mois consécutifs, mais comptent sur des ententes avec le Guatemala, le Honduras et le El Salvador.
On retrouve annuellement plus de 25 000 travailleurs agricoles saisonniers sur les fermes du Québec. Dans la région de Québec, au plus fort de la saison estivale, on compte quelques milliers de travailleurs agricoles provenant surtout du Guatemala, mais aussi du Mexique. Certains viennent pour une durée d’environ six mois par année, d'autres peuvent rester davantage, et la majorité répète l’expérience sur le long terme. Ces travailleurs sont autorisés à venir seuls, pour exercer un emploi agricole uniquement, et ils ne peuvent pas être accompagnés de leur conjoint ou conjointe et de leurs enfants, à moins qu'ils soient majeurs et qu'ils aient également un emploi au sein du programme. De plus, ils ne sont pas admissibles à la résidence permanente, même après de nombreuses années de travail au Canada.
Les portraits sont accompagnés d’une courte biographie de chaque personne qui met l’accent sur le vécu personnel et familial de ces personnes en lien avec leurs séjours répétés à titre de travailleurs agricoles saisonniers migrants au Canada.
Jusqu'à ce que la mort les sépare
Clara de Cápua, Universidade do Porto
Les œuvres « Olga » et « Romilda » font partie d'une petite série d'œuvres où, à travers la manipulation de photographies de mariage de mes ancêtres, je cherche à apporter des réflexions sur le champ de la sexualité, ainsi qu'à questionner certains schémas inhérents aux relations hétéronormatives. Les photographies de mariage ont par nature une formalité qui scelle une symbologie : mari et femme, jusqu'à ce que la mort les sépare. Dans chacune de ces œuvres, j'essaie d'interroger ces schémas symboliques par deux voies de manipulation : d'abord, par édition digitale, je remplace le visage de mes arrière-grands-mères par le mien, puis, sur la reproduction photographique, je découpe manuellement les figures des fiancés. Par cette double intervention, la série cherche à stimuler le pouls de narratives pluriels qui croisent et interrogent l'idée traditionnelle du mariage.
A l'intersection de différentes temporalités et identités, les œuvres jouent avec une possible réécriture de l'histoire de ces femmes. En ce sens, même si les deux images représentent le mariage de filles d'immigrés, leur approche interculturelle est moins géographique qu'historique-temporelle. En interférant avec le dossier documentaire, la série cherche à offrir une rencontre entre le réel et le possible, donnant une visibilité aux récits et aux subjectivités dont la nature est majoritairement passée sous silence.
Relations entre deux mondes
Sylvie Cadorette, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Ma pratique en Arts Visuels consiste à créer des œuvres picturales bidimensionnelles, généralement abstraites, parfois ponctuées d'éléments figuratifs. Je travaille sur des supports de toiles ou de bois dans des formats variés. J'ajoute à l'acrylique d'autres médiums et d'autres matières dont, entre autres, le plâtre, le papier, l'encre, les tissus et le fusain. Je suis une passionnée des rapports entre les humains et des interactions sociales. J'étudie depuis toujours la communication, les interactions humaines et le développement des relations.
Ma démarche artistique et ma recherche picturale s'inspirent du dialogue des matières, des couleurs et des lignes. J'ai besoin de mettre en relation les différents éléments du tableau, de les faire interagir ensemble. Une œuvre est un dialogue entre tous les éléments qui la compose. Chaque œuvre a une intention de départ, comme lorsque nous abordons une conversation importante. Les mots directement inscrit sur la toile sont habituellement le point de départ. Les choix, à chaque étape, sont réfléchis. En cours de processus, les émotions sont omniprésentes et me poussent à passer à l'action, à tenter un geste pour ensuite observer la réaction du geste dans le travail. Pour considérer une œuvre terminée, elle doit me toucher émotionnellement.
L'aspect de la thématique qui m'interpelle concerne le partage des parcours d'immigration vécu par un minimum de cinq personnes ayant immigrées récemment ou de longue date au Canada, sous l'aspect des enjeux de communications et des enjeux relationnels vécus par ces derniers. Une série d'œuvres picturales seront produites. Une vidéo personnelle sera également produite dans le but de partager le résultat du processus de travail et des apprentissages. Trois œuvres picturales seront produites pour chaque personne immigrante rencontrée. L'inspiration de ces œuvres s'exprimera par des mots importants, d'images ou de textures représentatives, de matières et de couleurs qui exprimeront le ressenti et le vécu de la personne immigrante. La vidéo exprimera une réflexion qui portera sur les enjeux réels communs ou distincts de cinq personnes dans l'optique d'une communication et d'une mise en relation de deux mondes, soit le nôtre et le leur.
D'AR
Jamila Zayani, Université Laval
À travers les « entrailles » du passé et les méandres du présent se dessine une quête de soi et de l’autre. La démarche constitue une forme de thérapie individuelle. Un parcours vers rêve toujours vivant d’une société ouverte qui refuse tout discours haineux et exclusif à l’égard de la femme musulmane.
Sollicitée par divers aspects complexes de mon quotidien, je fais recours au thème du labyrinthe. À travers un processus de structuration et de déstructuration d’éléments picturaux hétéroclites, je fais appel à divers différents techniques artistiques. Une quête incessante d’un processus initiatique qui se veut libérateur. Associer et dissocier différents objets permettra de faire surgir du chaos, un repère, un fil conducteur, une voie. Les planches miroitent des ombres, des prises aux pièges et des éclats de violence. L’espace reflète des moments de doute, des traumatismes, des pertes et des instants de lucidités. Une errance dans laquelle les êtres sillonnent des chemins, traversent des méandres, fuient leurs doubles, espérant écouter, et faire entendre, leurs voix.
Labyrinthe ou maze ? Peu importe la réponse, la marche tracera le chemin. Le caractère précaire de l’acte créatif devient plus significatif dans un monde en perpétuelle mutation. Je pense que l’art se fait dans l’urgence et dans la lutte ; autrement, il stagne et meurt.
Expressione-moi!
Mariève L’Abbé et Guylaine Soucy, Cégep de Sainte-Foy
Notre langue et notre culture sont remplies d’expressions très imagées dont certaines remontent à très loin. Elles font partie de notre héritage et offrent à la langue québécoise toute une gamme de couleurs.
Les étudiantes et les étudiants en francisation au Cégep de Sainte-Foy sont toujours curieux de savoir l’origine et la signification de certaines expressions que nous utilisons régulièrement.
C’est avec fierté qu’un groupe de francisation a donc travaillé pour vous présenter des illustrations de leur interprétation de ces expressions québécoises colorées.
Qu’ils viennent de la Russie, d’Ukraine, d’Iran, du Maroc, du Kosovo, de la Colombie, du Brésil, d’Arménie, de Centrafrique, d’Australie ou des Philippines, leur connaissance des expressions québécoises vient enrichir leur compréhension de la société québécoise actuelle.
Saurez-vous les deviner?