Lexique
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Bibliographie
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Événements

Pour la période courante

2011

En 2011, 69 000 migrants arrivent en Europe en traversant la Méditerranée. 1500 personnes meurent en mer.

21 janvier

Union européenne

Arrêt de la Cour Européenne des Droits Humains dans l’affaire MSS c. Belgique et Grèce. Il y est déclaré que les conditions de détention des migrants en Grèce violent la Convention européenne des droits de l’homme. On reproche également au système d’asile grec d’être dysfonctionnel et on prohibe le renvoi de migrants vers ce pays.

La Belgique est quant à elle accusée d’avoir renvoyé en Grèce un demandeur d’asile, lequel y aurait par la suite subi des traitements dégradants.

11-14 février

Italie

5000 migrants en provenance de Tunisie débarquent en quatre jours sur l’Île de Lampedusa, en Italie.

20-21 février

Italie

L’agence Frontex lance l’opération maritime Hermès en Méditerranée. Elle vise à intercepter les bateaux de passeurs en provenance de la Turquie et en direction des îles italiennes de Lampedusa et de Sardinia ainsi qu’à mieux coordonner le renvoi des migrants vers leur lieu de départ.

10 avril

Méditérannée

63 migrants décèdent en Méditerranée sur une embarcation en provenance de la Libye et en direction de l’île italienne de Lampedusa. S’étant retrouvé à court de carburant, le zodiac dérive pendant 15 jours et s’échoue finalement en Libye avec seulement 11 survivants à bord.

Le Conseil de l’Europe publie un rapport critiquant le marasme des pays de l’OTAN ayant failli au droit maritime qui stipule l’obligation en mer de secourir toute personne en danger. On accuse notamment les flottes de la France, de l’Espagne, de l’Italie et de la Belgique d’inaction alors que l’embarcation aurait envoyé plusieurs messages de détresse pendant 10 jours et qu’ils auraient été ignorés par au moins trois embarcations, un avion et un hélicoptère.

21 septembre

Human Rights Watch publie un rapport dénonçant les pratiques de Frontex en Grèce, où la présence y est accrue depuis octobre 2010. Frontex y transfère des migrants dans des centres de détention aux conditions déplorables (détentions d’enfants non accompagnés, surpeuplement des centres, insalubrité des cellules, etc.). Les opérations de Frontex en Evros, qui étaient initialement planifiées de façon temporaire jusqu’au 2 mars 2011, sont remplacées par une présence permanente des agents.

2012

22 500 individus migrants arrivent en Europe à la suite d’une traversée de la Méditerranée en 2012. 500 personnes meurent en mer.

19 janvier

Ukraine

Une soixantaine de demandeurs d’asile somaliens détenus en Ukraine entament une grève de la faim afin de dénoncer leur emprisonnement et la menace de déportation pesant sur eux. Certains sont incarcérés au pays depuis un an.

Seconde moitié de 2012

Turquie

La Turquie, dont les frontières étaient jusqu’alors ouvertes aux migrants syriens, commence à fermer un à un ses postes frontaliers avec la Syrie.

Les individus refoulés sont surtout ceux ne possédant pas de passeport ou ne nécessitant pas de soins médicaux urgents.

La traversée devient donc plus dangereuse pour les Syriens, puisqu’illégale.

30 juin

Union européenne

L’Accord de Genève I est conclu en Suisse par les États membres du Groupe d’action pour la Syrie. Celui-ci vise à prévoir la transition politique de sortie de conflit pour la Syrie.

Août

Jordanie

La Jordanie, l’un des pays recevant le plus de réfugiés syriens, ouvre trois camps de réfugiés au nord du pays.

Mi-Août

Grèce

Lancement de l’opération Aspida (signifiant bouclier) en Grèce afin de sécuriser la frontière de la région d’Evros. Cela inclut le déploiement de 1800 policiers additionnels et l’érection d’une clôture de 10.5 km à la partie nord de la frontière avec la Turquie, à un point de passage fortement utilisé par les migrants. La construction de la clôture est achevée à la fin de 2012.

Les passages quotidiens de migrants par cette voie terrestre passent de 2000 à moins de 10 à la fin d’octobre 2012, alors que le nombre des traversées de la mer Égée explosent. Les routes empruntées par les réfugiés sont conséquemment plus dangereuses qu’avant l’érection de la clôture et une partie du flux migratoire se déplace vers la Bulgarie.

L’opération Xenios Zeus, lancée à la même période, cible quant à elle les migrants illégaux déjà établis sur le territoire grec. Cette opération est notamment dénoncée par le HCR, car elle cautionnerait l’utilisation du profilage racial et la détention arbitraire de dizaines de milliers d’individus.

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Septembre

Jordanie

La Jordanie ferme le poste frontalier jordano-syrien reliant les villes Ramtha et Dera, où des migrants pouvaient jusqu’alors traverser.

6 septembre

Espagne

Expulsion de 70 marocains depuis l’Isla de Tierra (territoire espagnol au large du Maroc), qui n’eurent ni accès à des avocats ou à des interprètes, ni à aucun processus d’asile. Ces mesures sont dénoncées par les organismes de défense des droits des migrants, qui stipulent qu’elles vont à l’encontre de la loi espagnole sur les étrangers et du principe de non-refoulement de la Convention de Genève.

11 septembre

Libye

Attaque du consulat américain à Benghazi, en Libye. Suite à l’incident, des restrictions d’entrées sont mises en place, interdisant les hommes syriens seuls et sans visa d’entrer en Libye.

13 décembre

Espagne

Une embarcation de la Guardia Civil espagnole percute une embarcation de 25 migrants à Lanzarote (îles Canaries), causant la mort de huit personnes. Seulement un corps est retrouvé.

Fin 2012

Jordanie

Depuis la fin de 2012, la Jordanie limite l’entrée des réfugiés syriens au pays (spécifiquement pour les Palestiniens, dont 10 000 avaient préalablement pu entrer au pays).

2013

En 2013, plus de 100 000 individus migrants entrent illégalement en UE.

Parmi eux, 60 000 individus migrants traversent la mer Méditerranée et plus de 600 décèdent pendant la traversée. Il s’agit d’une hausse importante par rapport aux chiffres de 2012.

Début 2013

Israël

Israël termine l’érection d’une clôture électronique de 240 km de long et de 5 m de haut à sa frontière égyptienne afin d’endiguer les mouvements migratoires des ressortissants africains et les menaces terroristes. Des migrants illégaux seraient régulièrement abattus par les gardes-frontières en tentant de franchir cette frontière.

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Janvier

Israël

Le premier ministre israélien annonce l’érection d’une clôture à sa frontière syrienne, sur le plateau du Golan. Une dizaine de km sont déjà construits et 60 autres seront construits.

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Janvier

Libye

Des visas sont maintenant requis pour tout réfugié syrien tentant d’entrer en Libye.

De plus en plus d’individus tentent d’accéder au pays illégalement.

Mars

Turquie

La Turquie déporte en Syrie jusqu’à 600 réfugiés ayant atteint son territoire.

Juin

Jordanie

Le pays ferme également ses points de passage frontaliers informels ouest avec la Syrie, fortement utilisés par les migrants en raison de leur proximité avec des zones populeuses des deux pays.

Pour aller plus loin : Roussel, C. (2016, 24 janvier). La frontière syro-jordanienne dans le conflit syrien : enjeux sécuritaires, gestion frontalière, L’Espace Politique [En ligne], 27 | 2015-3 ; DOI : 10.4000/espacepolitique.3658

La Jordanie limite l’entrée au pays de différentes catégories d’individus : les sans-papiers, les hommes seuls dont la famille ne réside pas en Jordanie, les réfugiés palestiniens et iraquiens en provenance de la Syrie ainsi que les familles avec de jeunes enfants.

Également, les Syriens ne peuvent désormais plus entrer au pays par l’aéroport Queen Alia sans permis de résidence.

Juin

Jordanie

L’enregistrement de nouveaux réfugiés syriens chute considérablement.

26 juin

Union européenne

L’Union Européenne adopte le règlement de Dublin III, qui confirme et met à jour le règlement de Dublin II, adopté en 2003. Il stipule que les migrants demandant asile dans l’UE doivent le faire dans le premier pays dont ils foulent le sol. Les pays identifient le premier pays franchi par les migrants à l’aide du système d’identification digitale Eurodac, une méga-base de données dans laquelle sont enregistrées les empreintes digitales des 10 doigts. Eurodac est utilisé par tous les pays membres de l’UE, en plus de la Norvège, de l’Islande, de la Suisse et du Liechtenstein. Cette mesure facilite l’expulsion des migrants vers leur premier pays d’arrivée.

1 juillet

Kosovo

Le Kosovo instaure une obligation de visas pour les ressortissants de 87 états.

8 juillet

Égypte

L’Égypte met en vigueur de nouvelles restrictions d’entrée pour les réfugiés syriens : ils doivent désormais obtenir un visa égyptien avant leur arrivée au pays.

Plus de 200 individus sont donc déportés du Caire vers la Syrie et d’autres pays avoisinants.

Août

Liban

Le Liban commence à limiter l’entrée au pays des réfugiés palestiniens en provenance de la Syrie. Ceux-ci doivent maintenant présenter des documents d’identité valide, en plus d’obtenir un permis de sortie de la part des autorités syriennes. Ce permis serait particulièrement difficile d’obtention et comporterait des risques de détention pour les Palestiniens.

Octobre

Espagne

Le gouvernement espagnol prend la décision de bonifier les barrières séparant les enclaves de Melilla et de Ceuta du Maroc de lames tranchantes et d’une maille empêchant de grimper, en raison de plusieurs tentatives de franchissement de migrants.

Voir les barrières

Octobre

Méditerranée

Plus de 500 personnes décèdent en 9 jours en Méditerranée en raison de 3 naufrages. Celui du 3 octobre est le plus tragique avec plus de 250 décès et est baptisé le drame de Lampedusa, en raison de la proximité de l’île italienne éponyme.

Octobre

Italie

L’Italie instaure l’opération navale humanitaire Mare Nostrum en réponse aux récents naufrages. Cette opération de sauvetage œuvre jusqu’aux côtes libyennes. Son budget est de 9 millions d’euros par mois. Elle s’achève en octobre 2014 et aura secouru plus de 150 000 migrants, en majorité des Syriens et des Érythréens.

La Commission Européenne bonifie également le budget de Frontex de 8.2 millions d’euros (agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne).

Voir l’opération

10 octobre

Union européenne

Frontex lance le réseau d’information EuroSur, un système de surveillance des frontières européennes qui vise un partage des données et une coordination plus efficace entre les pays de l’UE afin de limiter l’immigration clandestine.

Novembre

Bulgarie

La Bulgarie entame la construction d’une barrière de plus de 30 km à sa frontière turque et augmente la surveillance de la frontière.

En 2014, le gouvernement décidera de prolonger cette barrière de 130 km.

Voir la barrière

Le pays prend cette décision dans un contexte où l’entrée de migrants avait augmenté de façon drastique en Bulgarie en 2013 avec plus de 10 000 nouveaux arrivant, contre seulement 1700 en 2012. La raison de cette hausse serait la fermeture de la frontière gréco-turque.

12 novembre

Grèce

150 migrants syriens rapportent avoir été déportés de la Grèce vers la Turquie, alors qu’ils s’étaient réfugiés dans une église de la région d’Evros. Plusieurs rapportent des traitements violents de la part des autorités grecques.

Décembre

Irak

L’Irak refuse dorénavant l’entrée de réfugiés syriens non-kurdes sur son territoire.

Plusieurs d’entre eux sont déportés de force vers la Syrie.

16 décembre

Union européenne – Turquie

Signature de l’accord de réadmission UE-Turquie, qui permet aux pays de l’UE de renvoyer vers la Turquie tout migrant illégal ayant quitté ce pays en direction de l’Europe.

2014

En 2014, 219 000 individus migrants arrivent en Europe suite à une traversée de la Méditerranée.

141 000 d’entre eux effectuent le trajet Libye-Italie et 43 000 débarquent sur les Îles grecques.

3500 personnes meurent pendant la traversée.

En 2014, plus de 570 800 demandes d’asile sont enregistrées par les 28 pays de l’UE, ce qui constitue une augmentation de 44 % par rapport aux demandes de 2013. 22 % de ces demandes proviennent d’individus syriens.

Janvier

Bulgarie

La Bulgarie réagit à l’entrée croissante de migrants à sa frontière turque par le déploiement additionnel de 1572 policiers.

Janvier

Bulgarie

Les mesures prises par la Bulgarie ont pour effet de réduire considérablement le nombre d’entrées de migrants au pays depuis la Turquie et forcent davantage de migrants à prendre la mer pour atteindre l’Europe.

22 janvier

Suisse

Conférence de Genève II : pour la première fois, les représentants du régime syrien Al-Hassad et leurs opposants se réunissent en Suisse pour des négociations. 40 pays y sont représentés.

6 février

Espagne

200 migrants atteignent l’enclave espagnole de Ceuta en provenance du Maroc.

23 d’entre eux, arrivés à la nage, sont immédiatement expulsés au Maroc et au moins 14 autres se noient, atteints par des balles de caoutchouc et du gaz lacrymogène lancés par les gardes civils espagnols.

Mai

Espagne

L’enclave espagnole de Melilla renforce ses barrières physiques avec le Maroc. La ville ajoute un maillage anti-escalade à son système de triple clôture, déjà doté de barbelés ayant causé des blessures graves chez les migrants. Cette frontière de 12 km est ultra-surveillée : hélicoptères, détecteurs de mouvements, tours de contrôle, patrouilles 24h/24h, projecteurs et caméras de surveillance font partie des mesures.

12 mai

Méditerranée

Un naufrage en Méditerranée fait 17 morts et 60 disparus. 206 personnes sont secourues.

Jusqu’alors, la mortalité en Méditerranée avait été fortement réduite par l’opération Mare Nostrum.

13 mai

Allemagne

L’Allemagne décide d’accepter 10 000 réfugiés syriens supplémentaires.

14 juin

Un naufrage en Méditerranée fait 10 morts et 40 disparus. 40 personnes sont secourues.

30 juin

Méditerranée

La marine italienne porte assistance à un bateau transportant 600 personnes dans le canal de Sicile. 45 corps sont trouvés dans la cale.

27 août

Méditerranée

La Commission européenne annonce l’implémentation de l’opération maritime Triton, gérée par Frontex, afin de complémenter Mare Nostrum.

Septembre

Turquie

La Turquie ouvre ses frontières à plus de 200 000 réfugiés syriens kurdes fuyant les combats dans la région de Kobani, au nord de la Syrie. Cet accueil se termine à la fin d’octobre.

Octobre

Méditerranée

L’Italie et l’UE mettent fin à Mare Nostrum, l’opération maritime de surveillance des côtes, pour la remplacer par des opérations beaucoup plus modestes. En 2014 seulement, 166 000 migrants avaient été secourus par la marine italienne dans le cadre de l’opération.

L’opération Triton, qui elle est maintenue, vise le contrôle des frontières plutôt que le sauvetage des bateaux en détresse. Également, sa superficie d’action est beaucoup moins étendue que l’était celle de Mare Nostrum et ne se rend pas aux points majeurs de naufrage. L’opération Triton fonctionne avec le tiers du budget qui était alloué à Mare Nostrum.

20 octobre

Allemagne

Création du mouvement xénophobe Pégida (Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident) à Dresde, en Allemagne. Dans cette ville, les partisans de Pégida se rejoignent chaque semaine pour manifester.

Le mouvement se répand par la suite dans plusieurs pays d’Europe, dont la Pologne, l’Allemagne, la Norvège, la France, l’Autriche, la Suisse et la Suède.

2015

En 2015, le thème des migrations devient l’enjeu majeur de plusieurs campagnes électorales dans les pays européens et assure la popularité de certains partis d’extrême droite comme en Autriche avec le Parti de la liberté, en Suède avec les Démocrates de Suède, aux Pays-Bas avec le Parti pour la liberté et en Allemagne avec Alternative pour l’Allemagne.

2015

Europe

En 2015, 1.5 million de personnes seraient entrées sans autorisations dans l’UE, la plupart ayant transité par la Turquie. 31 % des nouveaux arrivants sont des enfants.

La Grèce voit passer plus d’un million d’entre elles au cours de l’année. La plupart poursuivent leur migration par la route des Balkans vers la Hongrie, étant donné le peu de protection assurée en Grèce.

Plus de 150 000 migrants débarquent en Italie et près de 4000 en Espagne. Par voie terrestre, c’est plus de 31 000 migrants qui atteignent la Bulgarie.

3771 migrants décèdent ou sont portés disparus dans leur traversée de la mer Méditerranée.

La Turquie accueille plus de 2.5 millions de Syriens et plus de 250 000 individus d’autres nationalités. Cela en fait le pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde.

2015

Hongrie

La Hongrie mène une campagne d’affichage anti-immigration dissuadant les étrangers à prendre les emplois des locaux et les incitant à se plier aux normes culturelles locales. On peut notamment y lire « Si vous venez en Hongrie, vous ne pouvez pas prendre le travail des Hongrois. » Cette mesure s’insère dans une plus vaste campagne anti-immigration menée par le gouvernement de droite du premier ministre Viktor Orban.

2015

France

En 2015, près de 48 000 migrants sont détenus en France dans des centres de rétention administrative (CRA) (en métropole et outremer, en Guadeloupe, à Mayotte et en Guyane). Parmi eux, plusieurs familles avec enfants sont incarcérées.

La France, au sein de l’UE, se distingue par un très grand recours à cette pratique. Sur la période de 2011-2015, plus de 200 000 migrants ont été détenus en France et ont bénéficié de peu d’aide juridique. Les expulsions de migrants y sont également pratiquées, particulièrement dans les territoires outremer. Entre 2011 et 2015, 21 436 enfants sont expulsés de Mayotte, département français situé dans l’Océan Indien.

1er janvier

Algérie

L’Algérie exige maintenant des visas pour les migrants entrant dans son territoire.

Cette mesure modifie la route migratoire des Syriens tentant de joindre le Maroc, qui se voient maintenant dans l’obligation de passer par les pays plus au sud, soit la Mauritanie et le Mali.

5 janvier

Liban

Le Liban décrète que les ressortissants syriens doivent désormais répondre à de nouveaux critères en mesure d’être admis au pays.

L’UNHCR enregistre donc une baisse de 80 % de réfugiés admis dans les trois premiers mois de 2015 par rapport aux chiffres de 2014.

Mars

Espagne et Maroc

L’Espagne modifie sa législation et rend légale une pratique qui avait déjà cours à ses frontières : l’expulsion immédiate de migrants arrivant dans les villes de Ceuta et de Melilla (deux villes autonomes situées sur le continent africain).

La lutte à l’immigration s’opère de manière stratégique dans ces villes relativement accessibles pour les Nord-Africains désirant intégrer l’UE. Elles représentent d’ailleurs les seules frontières terrestres entre l’UE et l’Afrique. L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) rapporte également que le Maroc fermerait aussi occasionnellement ses frontières avec Ceuta et Melilla lorsque trop de réfugiés y seraient massés. Des migrants prennent aussi la mer au Maroc dans l’espoir de rejoindre les côtes espagnoles.

Une autre route migratoire empruntée au départ du Maroc est celle vers les îles Canaries. Alors que les autorités pensaient cette route révolue, plus de 800 migrants l’empruntent en 2015 et 150 personnes y décèdent entre octobre et décembre 2015.

L’APDHA soutient que ces mesures sont illégales au sens de la Charte des droits fondamentaux de l’UE selon le principe de non-refoulement.

Dans les premiers mois de 2015, environ 50 réfugiés syriens sont admis quotidiennement à Melilla. Les Subsahariens y sont cependant automatiquement refoulés, les bureaux d’asile ne leur étant pas accessibles. Cette discrimination raciale fut d’ailleurs dénoncée par les Nations-Unis le 26 juin, le HCR affirmant que près de 70 % des migrants qui tentent de rejoindre l’Espagne à Ceuta et Melilla seraient en besoin de protection internationale. On rapporte aussi que la plupart de ces réfugiés doivent payer à des passeurs entre 2000 et 3000 euros pour être en mesure de traverser ces frontières.

Mars

Irak

L’Irak (Kurdistan irakien) ferme la frontière d’Ibrahim Khalil aux réfugiés syriens.

Mars

Jordanie

De nouvelles mesures aux frontières jordaniennes Est restreignent les entrées de migrants aux points de passages informels. Ces points de passages étaient les derniers accessibles aux Syriens, puisque les postes officiels avaient été fermés précédemment.

Ces mesures ont comme effet de coincer quelque 2500 migrants syriens à la frontière jordanienne en date du 10 avril, et ce en milieu désertique.

Mars

Bulgarie

Deux femmes migrantes irakiennes meurent d’hypothermie, après avoir été battues par la police bulgare et renvoyées de force en Turquie.

Amnesty International déclare que la Bulgarie procède elle aussi à des renvois forcés illégaux de migrants à sa frontière turque et dénombre au moins 17 évènements entre septembre 2014 et mai 2015. La plupart des migrants interrogés rapportent avoir été victimes de violences physiques de la part de la police bulgare. Selon certains organismes, c’est le pays qui ferait le plus usage de la violence envers les réfugiés. La police a notamment le droit de tirer dans les airs afin d’effrayer les migrants. On rapporte également des vols, l’usage d’armes, des menaces de déportations et des attaques par des chiens.

Mai

UE – Grèce – Italie

La Commission européenne suggère l’application de la méthode « hotspot » dans les pays d’arrivée de migrants dans l’UE, afin d’améliorer l’application des règlements de Dublin.

Le terme « hotspot » désigne à la fois les lieux désignés de débarquement des migrants (notamment en Grèce et en Italie) et un concept de gestion des pressions migratoires reposant sur trois voies : l’asile, la relocation et le renvoi au pays d’origine.

On procède au relevé systématique des empreintes digitales des migrants arrivant aux lieux de débarquement dans le but de distinguer les demandeurs d’asile des « migrants irréguliers ». Les empreintes sont enregistrées dans le répertoire digital Eurodac.

Le 28 septembre 2015, l’Italie adopte un plan pour mettre en œuvre cette approche et, en 2016, quatre centres « hotspot » sont opérationnels dans différents ports du pays.

14 mai

Méditerranée

Quelque 2000 migrants sont secourus en Méditerranée par les escouades de plusieurs pays, dont l’Italie.

Juin

Méditerranée

La Bulgarie augmente à nouveau les structures anti-migrants à sa frontière turque : la clôture déjà existante est prolongée de 130 km. Cette mesure est en partie financée par l’UE.

Pour aller plus loin, consultez le reportage photo de Le Monde sur la frontière bulgare : Contre les migrants, un mur de barbelés fend la campagne bulgare.

15 juin

France – Italie

La France ferme sa frontière italienne à Vintimille pour empêcher aux migrants de traverser le pays pour rejoindre Calais. 200 migrants se trouvent alors coincés du côté italien de la frontière. Les tensions montent à cette frontière en 2015 et en 2016, alors que la France maintient cette fermeture.

22 juin

Méditerranée

2500 individus sont secourus en Méditerranée.

30 juin

Libye

Le HCR rapporte que le nombre de personnes réfugiées en Libye aurait doublé en 1 an, passant de 230 000 en septembre 2014 à 434 000 en 2015, en raison de l’intensification des combats en Syrie.

Juillet

Espagne

Le Tribunal européen des droits de l’Homme intervient avec l’Espagne, en raison des violations des droits des migrants à ses frontières africaines de Melilla et de Ceuta.

Juillet

Union européenne

Le HCR déclare un état d’urgence interne de niveau 2 dans plusieurs pays européens, en raison de la situation critique liée aux réfugiés, soit la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et la Hongrie.

1er août

Hongrie

La Hongrie modifie sa loi sur l’asile et établit une liste des pays d’origine et de transit sûrs pour les migrants. Tous les états de l’UE en font partie, en plus de la Macédoine et de la Serbie, par où la majorité des migrants transitent avant d’atteindre la Hongrie. Le pays peut donc dorénavant refuser plus rapidement les demandes d’asile de migrants en provenance de ces pays.

Cette mesure est critiquée par Amnesty International, qui dénonce notamment les traitements réservés aux réfugiés en Macédoine et en Serbie.

27 août

Autriche

Un camion abritant 71 réfugiés morts est retrouvé en Autriche, près de la frontière hongroise.

Septembre

Turquie

Des centaines de migrants syriens coincés en Turquie proche de la ville d’Edirne décident de se rapprocher de la frontière grecque, fermée par une haute clôture métallique.

Ils réclament leur droit de la traverser sans avoir recours à des passeurs et tentent de faire entendre leur voix en rencontrant le premier ministre turc. Ils désirent atteindre l’Europe de l’Est.

Septembre

Danemark

Le Danemark fait circuler dans la presse libanaise des publicités décourageant les migrants potentiels de se rendre dans ce pays scandinave en mentionnant que les conditions d’accueil y sont maintenant plus sévères.

2 septembre

Finlande

Lors d’une manifestation raciste en Finlande, une quarantaine d’individus s’en prennent à un autobus contenant des migrants et y projettent des pétards.

2 septembre

Turquie

Une journaliste turque prend un cliché qui fait le tour de la planète : celui de l’enfant Aylan Kurdi, retrouvé mort sur une plage turque à la suite du naufrage d’une embarcation de migrants. Cette photographie a l’effet d’une bombe dans l’opinion publique internationale au sujet de la crise des réfugiés. Différentes mobilisations citoyennes et moyens de pression pour faire fléchir les gouvernements à travers le monde s’ensuivent.

4 septembre

Allemagne

Angela Merkel prend la décision d’ouvrir les frontières de l’Allemagne aux réfugiés. Le pays en recevra 800 000 en 2015 uniquement.

5-6 septembre

Allemagne

Plusieurs réfugiés empruntent la route des Balkans en direction de l’Allemagne. Environ 20 000 atteignent la gare de Munich en provenance de la Hongrie et de l’Autriche, à la suite de la décision de l’Allemagne de leur ouvrir ses frontières.

6 septembre

Israël

Israël annonce la construction d’une clôture de 30 km de long à sa frontière jordanienne, soit le quatrième mur construit par cet état.

7 septembre

Grande-Bretagne

James Cameron, le premier ministre britannique, annonce l’accueil de 20 000 réfugiés en cinq ans, ciblant les individus vivant dans les camps des pays avoisinants la Syrie.

14 septembre

Union européenne

Un sommet de l’UE se déroule à Bruxelles au sujet des réfugiés. Cependant, les chefs d’État présents ne réussissent pas à s’entendre sur un plan de répartition des réfugiés sur le territoire européen. Ainsi, les mesures abordées portent davantage sur l’externalisation des responsabilités migratoires aux pays extérieurs de l’UE.

15 septembre

Hongrie

La Hongrie termine l’érection d’une clôture de 175 km de long et de quatre mètres de haut à sa frontière serbe afin de repousser les migrants. Ceux-ci dévient conséquemment leur parcours vers la Croatie. La construction aura coûté 98 millions d’euros au pays.

Une semaine plus tard, le parlement vote la permission de l’armée à prêter main-forte à la police aux frontières et à utiliser des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes contre les migrants illégaux.

L’année 2015 voit la Hongrie intensifier le contrôle à sa frontière serbe : elle reçoit des agents prêtés par l’Autriche et l’Allemagne et mobilise des milliers de policiers pour « protéger » les frontières des migrants. Des initiatives menées par le pays en 2015 tentent aussi de dissuader les Kosovars de migrer vers la Hongrie, diminuant drastiquement les arrivées en provenance du Kosovo.

Voir la barrière

Une photo de l’Australien Warren Richardson mettant en scène cette frontière gagne en 2016 le prestigieux concours World Press Photo. Elle représente un migrant syrien recevant un bambin du côté hongrois à travers la clôture de barbelés.

15 septembre

Turquie

Un bateau turc contenant 250 migrants irakiens et syriens est intercepté par les garde-côtes turcs, qui les ramènent au pays et les détiennent dans un camp. Les autorités leur auraient donné le choix entre l’incarcération dans ce camp ou le retour dans leur pays, ce que plusieurs ont été contraints de faire.

Octobre

Libye

En raison des violations des droits de la personne ayant cours en Libye, le HCR demande aux pays voisins d’admettre les ressortissants libyens, qu’ils soient migrants ou non.

Octobre

France

La France met sur pied une politique de démantèlement de la « jungle de Calais », peuplée de plus de 6000 personnes. L’État procède, entre autres mesures, à la détention de centaines de migrants aux quatre coins du pays, afin de les dissuader de revenir à Calais par la suite. Certaines familles sont séparées pendant les opérations.

7 octobre

Méditerranée

L’UE lance la deuxième phase de l’opération militaire Sophia dans le sud de la Méditerranée. Elle vise principalement l’élimination des réseaux clandestins de passeurs par l’identification et l’arrestation des navires qu’ils utilisent, principalement en provenance de la Libye.

16 octobre

Hongrie

La Hongrie termine l’installation d’une clôture barbelée à sa frontière croate sur 345 kilomètres.

Cela a pour effet de réorienter la route des migrants vers la Slovénie.

Voir la barrière

18 octobre

Slovénie – Croatie

1400 migrants sont coincés pendant 24 h à la frontière slovéno-croate. Ils cheminaient en provenance de la Croatie et, lorsque la Slovénie leur refuse l’accès au pays, la Croatie leur empêche de faire demi-tour.

Human Right Watch rapporte que ces individus ont été laissés sans abri sous la pluie verglaçante toute une nuit et le jour suivant. Des enfants et des personnes vulnérables se trouvaient parmi eux. Le lendemain, quand ils sont finalement pris en charge, plusieurs d’entre eux rapportent être victimes de violence policière et avoir été séparés de leur famille à la frontière.

22 octobre

Slovénie

La Slovénie reçoit 22 000 nouveaux migrants en une journée. Elle requiert alors l’aide du Mécanisme européen de protection civile pour l’aider à gérer cet important flux migratoire.

25 octobre

Les Balkans

La Réunion sur la route migratoire des Balkans occidentaux regroupe les dirigeants de plusieurs états à Bruxelles. Ils adoptent un plan d’action concernant les structures d’accueil des migrants en leurs territoires. Ils prévoient notamment l’accroissement de la capacité d’accueil de réfugiés en Grèce de 50 000 places et de 50 000 places supplémentaires le long de la route des Balkans.

Décembre

Jordanie

La Jordanie déporte quelque 800 migrants soudanais vers leur pays d’origine. Selon le HCR, 4000 Soudanais seraient demandeurs d’asile en Jordanie.

2016

Europe

Le nombre de migrants ayant traversé la Méditerranée vers l’Europe dépasse déjà les 300 000 pour l’année 2016. Ce chiffre est inférieur à 2015, mais supérieur à 2014.

En date d’octobre 2016, 3800 personnes sont décédées ou sont portées disparues durant le périple en cette année.

4 janvier

Suède

La Suède impose de nouveaux contrôles d’identité à ses frontières en réponse à l’arrivée grandissante de migrants en provenance du Danemark. Tous les individus traversant le pont de l’Oresund en autobus, en train ou en traversier doivent maintenant y présenter une carte d’identité avec photo.

Le pays a accueilli plus de 160 000 réfugiés en 2015.

9 janvier

Turquie

L’ONU appelle la Turquie à ouvrir sa frontière aux dizaines de milliers de Syriens qui y sont massés en raison de l’intensification des bombardements dans la ville d’Alep, située au nord de la Syrie.

26 janvier

Danemark

Le Danemark vote une loi prévoyant de nouvelles mesures sur l’accueil des réfugiés. Celles-ci incluent la confiscation des biens des réfugiés arrivant à leurs frontières (s’ils ont une valeur de plus de 1300 euros), une aide monétaire diminuée de 10 % ainsi qu’un délai de traitement des demandes de réunification familiale allongé.

Le Monde rapporte que des dispositions similaires existent également en Suisse, où les réfugiés acceptés en résidence permanente doivent verser 10 % de leur salaire à l’État pendant 10 ans, et en Allemagne.

4 février

Le Royaume-Uni, la Norvège et l’Allemagne organisent la Conférence des pays donateurs sur la Syrie à Londres. Ces pays, en plus de l’UE et des États-Unis, s’engagent à débourser chacun plus d’un milliard de dollars sur trois ans pour la cause syrienne.

La contribution de l’UE s’élève à 4,59 milliards de dollars pour 2016 et visera à soutenir les pays voisins de la Syrie, qui accueillent la majorité des réfugiés syriens.

De plus, l’ONU fait un appel de fonds de 10.7 milliards de dollars pour venir en aide aux millions de réfugiés syriens.

6 février

Union européenne

Le regroupement anti-islamisation d’extrême droite PEGIDA organise conjointement des manifestations dans 14 pays européens.

Alors que le rassemblement est déclaré interdit à Calais, par crainte de dérapages, celui de Varsovie regroupe 2000 manifestants et celui de Prague, 5000.

En Allemagne, lieu de naissance du mouvement, les manifestants critiquent les positions de la chancelière Angela Merkel quant à l’accueil des réfugiés.

29 février

Macédoine

La police de Macédoine utilise des gaz lacrymogènes et des grenades de surpression pour contrôler des centaines de réfugiés syriens et irakiens tentant de traverser la frontière du pays avec la Grèce. La Macédoine laisse uniquement passer quotidiennement le nombre de migrants que le pays suivant sur la route des Balkans, soit la Serbie, veut accepter.

22 000 migrants sont coincés en Grèce dans l’espoir de poursuivre leur périple et le camp de réfugiés d’Idomeni est surpeuplé.

29 février

France

Les autorités françaises du Pas-de-Calais démantèlent la partie sud du bidonville de Calais.

3 mars

Macédoine

Des migrants coincés à la frontière gréco-macédonienne protestent contre les autorités en bloquant le passage d’un train de marchandises en se couchant sur les rails.

Sur les quelques centaines de migrants admis en Macédoine, plusieurs sont ensuite refoulés en Grèce pour cause de papiers non conformes.

6 mars

Macédoine

De nouvelles réglementations en Macédoine limitent l’entrée de migrants à sa frontière grecque. Des milliers d’individus sont donc coincés au camp d’Idomeni, situation qui est comparée à un immense embouteillage humain. Les autorités n’acceptent désormais que les ressortissants de villes considérées comme étant en guerre. Cette mesure discrimine conséquemment certaines nationalités de réfugiés.

7-8 mars

Union européenne

Un sommet européen a lieu à Bruxelles concernant l’accord UE-Turquie. On y conclut une entente de principe fermant la Route des Balkans, route migratoire fortement utilisée par les réfugiés et qui traverse notamment la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne. Des milliers de migrants se trouvent conséquemment bloqués en territoire grec, notamment à la frontière macédonienne.

On y confirme également la déportation en Turquie des migrants clandestins arrivant en Grèce. L’UE promet en retour à la Turquie une somme de trois milliards d’euros d’ici 2018, la promesse d’accélérer l’étude de l’adhésion du pays à l’UE et une exemption de visa pour les citoyens turcs.

8 mars

Slovénie

Dans le cadre de la fermeture de la route des Balkans, la Slovénie refuse désormais les migrants sans-papiers à sa frontière, sauf dans les cas « d’exception humanitaire ». Le pays emboîte ainsi le pas à la Macédoine et la Serbie.

17-18 mars

UE – Turquie

L’accord Turquie-UE entre officiellement en vigueur lors d’un autre Sommet européen à Bruxelles. À partir du 20 mars, on prévoit déporter en Turquie les migrants arrivant sur les îles grecques et n’y obtenant pas l’asile. Pour chaque migrant déporté, l’UE s’engage à relocaliser en Europe un Syrien légalement réfugié en Turquie (principe d’un pour un). L’Accord est vivement critiqué et les organisations internationales dénoncent le fait que la Turquie ne devrait pas être considérée comme un pays sûr pour les migrants.

Human Right Watch rapporte qu’à partir de cette date, des détentions systématiques des migrants arrivant dans les îles grecques sont effectuées. Plusieurs individus vulnérables sont enfermés dans ces camps, n’ayant pas accès aux services qu’ils nécessitent. On surnomme ces centres de détention les « hotspots ».

De plus, depuis que ces camps sont des centres de détention fermés, le HCR n’y offre plus que des services limités.

30 mars

UE

Le HCR préside une conférence internationale sur les réfugiés syriens à Genève. On y prévoit une mince augmentation du nombre de relocalisations de réfugiés en Europe, augmentant le nombre total de places créées à 185 000.

2 avril

Grèce

Le gouvernement grec vote une loi en réaction à l’accord UE-Turquie. Celle-ci rend légale la détention généralisée des nouveaux arrivants jusqu’à 25 jours après leur arrivée.

Dans le cas des individus qui déposeraient une demande d’asile, la détention pourra s’étendre sur trois mois.

Dans le cas des individus en danger de déportation vers la Turquie, la durée de la détention pourra atteindre 18 mois.

4 avril

Grèce – Turquie

Les premières déportations de migrants des îles grecques vers la Turquie ont lieu dans le cadre de l’Accord UE–Turquie. Les déportations de 66 personnes de Chios et de 136 personnes de Lesbos sont opérées par la police grecque et Frontex.

Selon HRW, ces déportations se seraient effectuées dans la précipitation et les manquements aux droits humains ; on n’aurait pas averti les migrants de leur départ ni de leur destination finale, alors que certains d’entre eux prévoyaient demander asile en Grèce.

8 avril

Grèce – Turquie

Une seconde vague de déportations a lieu : 124 migrants sont déportés en Turquie depuis Lesbos.

9 avril

Grèce

La Grèce annonce la suspension des déportations pour une durée de deux semaines afin de mieux les coordonner.

13-14 avril

Syrie

Les bombardements du groupe armé État islamique au nord d’Alep [nord de la Syrie] causent le déplacement de plus de 30 000 individus en 48 heures. Trois camps de déplacés se vident complètement de leurs habitants, alors que la frontière turque reste difficilement franchissable et que le tiers du mur de béton en construction est terminé (911 km sont prévus en tout, le long de la frontière turco-syrienne).

Des migrants rapportent à HRW avoir entendu de haut-parleurs turcs que quiconque tenterait de traverser la frontière serait fusillé.

Voir la barrière

18 avril

Des photographes de l’agence de presse Reuters reçoivent le prix Pulitzer de la photographie pour leur couverture du dangereux périple des migrants à travers l’Europe.

Pour voir les photos gagnantes

Mai

Turquie

HRW dénonce les violences des gardes-frontières turcs envers les Syriens tentant d’entrer en Turquie. Ils rapportent que depuis l’été 2015, plusieurs réfugiés ont été tués, battus ou refoulés. L’organisme rapporte cinq morts et 14 blessés pour la période de mars-avril 2016.

Paradoxalement, l’État turc affirme appliquer une « politique de porte ouverte » envers les réfugiés.

Mai

Jordanie

La fermeture graduelle de la frontière jordano-syrienne crée une zone où près de 60 000 Syriens sont coincés dans des camps de transit de Rukban et d’Hadalat. Alors que les migrants n’y passaient que quelques jours avant d’entrer en Jordanie, leur attente s’étire maintenant sur plusieurs semaines et les conditions de vie y sont très précaires.

23-27 mai

Méditerranée

Plus de 13 000 migrants sont secourus en cinq jours en Méditerranée par la marine italienne. Les secouristes parlent de chiffres record, alors qu’au moins 70 morts et des dizaines disparus sont dénombrés.

Juin

Grèce

La Grèce demande à l’UE de rendre possible la réinstallation de tous les enfants migrants non accompagnés séjournant en Grèce. Cette requête est cependant refusée.

Les autorités grecques rapportent que plus de 3300 enfants migrants non accompagnés seraient arrivés au pays dans les 7 premiers mois de 2016.

Juin

Jordanie

La Jordanie décrète la fermeture militaire de ses frontières syriennes et irakiennes, à la suite d’un attentat ayant tué six militaires jordaniens à la frontière syrienne. Or, entre 60 000 et 75 000 Syriens sont encore massés à la frontière entre les trois pays dans ce qu’on compare à un No man’s land.

La Jordanie interdirait aux ONG de se rendre dans cette zone, celles-ci étant contraintes de faire parvenir des biens aux migrants par-dessus le mur qui la délimite. On rapporte des conditions de vie désastreuses pour les migrants : manque de nourriture, enfants décédant de l’hépatite, accouchements sans assistance médicale, etc.

Selon l’ONU, le pays accueillerait plus de 600 000 réfugiés entre ses terres et ce nombre serait plutôt de 1,4 million selon le gouvernement jordanien.

20 juin

Union européenne

L’UE signe la prolongation du mandat de l’opération navale Sophia d’un an. Elle met également sur pied un programme de formation des garde-côtes libyens afin d’assurer le renvoi direct des embarcations interceptées vers la Libye. L’UE demande à cet effet l’aide de l’OTAN.

L’UE instaure ce programme de formation pour deux raisons. D’un côté, la flotte européenne ne peut légalement intervenir dans les eaux libyennes et, de l’autre, les migrants qu’elle secourt en eaux internationales ne peuvent être renvoyés en Libye, en raison des violations des droits de la personne qui s’y opèrent. De nombreux migrants ayant transité par la Libye rapportent y avoir subi des violences et détentions, notamment par les forces de l’ordre. En effet, 20 centres de détention officiels s’y trouvent et contiennent environ 3500 migrants illégaux, en plus de multiples autres centres de détention non officiels.

HRW dénonce ce programme d’externalisation des migrations, qu’il compare à de la sous-traitance.

Août

Union européenne

Le HCR confirme les conséquences de l’entente UE–Turquie : 93 % des migrants intègrent maintenant l’Europe via l’Italie par une traversée de la Méditerranée. 3120 personnes y auraient perdu la vie depuis le début de l’année. La traversée Libye–Italie serait 10 fois plus meurtrière que la route reliant la Turquie à la Grèce.

Août

Turquie

Erdogan, le président turc, menace l’UE de ne plus réadmettre de migrants déportés d’Europe, en raison du non-respect de l’UE de sa part de l’accord UE–Turquie. En effet, l’exemption des visas pour les Turcs n’a pas encore été instaurée, alors qu’elle devait initialement entrer en vigueur le 1er juin.

1er août

Méditerranée

Plus de 1800 migrants sont secourus en Méditerranée au large de la Libye, portant à plus de 8300 le nombre de migrants secourus en cinq jours.

24 août

Norvège

Le pays annonce la construction d’une clôture de 200 mètres de long et de 3.5 mètres de haut à une frontière nordique avec la Russie, à un endroit où prêt de 5500 réfugiés syriens avaient pénétré au pays en 2015.

28 août

Méditerranée

Les garde-côtes italiens secourent plus de 1100 migrants en une journée au large de la Libye.

29 août

Méditerranée

Les garde-côtes italiens secourent plus de 6500 migrants en une journée au large de la Libye et interviennent auprès d’une quarantaine d’embarcations.

Septembre

Hongrie

La Hongrie renforce ses mesures anti-immigrants à sa frontière sud. Elles incluent des unités spéciales de patrouille de 10 000 militaires supplémentaires ainsi qu’une deuxième couche de clôture. Elle lance aussi un appel d’embauche pour 2106 « chasseurs de migrants » qui seront déployés en six unités.

Septembre

Grande-Bretagne

La Grande-Bretagne prévoit resserrer ses politiques migratoires grâce à la liberté offerte par son imminente sortie de l’UE. Elle prévoit admettre presque exclusivement des travailleurs qualifiés.

En première page du quotidien Daily Mail le 6 septembre, on peut lire : « No job? You can’t move to Britain », en référence au fait que les nouveaux immigrants devront déjà avoir un emploi assuré au pays avant d’y migrer.

8 septembre

Grèce

HRW publie un rapport dénonçant l’incarcération d’enfants migrants en Grèce. Ils rapportent que plus de 3300 enfants non accompagnés ont franchi la frontière durant les sept premiers mois de 2016. Les centres d’accueil grecs étant débordés, le pays aurait procédé à l’incarcération de 161 d’entre eux pour une durée moyenne de 40 jours.

20 septembre

Monde

Lors d’un sommet de l’ONU sur les réfugiés réunissant des chefs d’État, le président étasunien Barak Obama annonce que les États-Unis et une cinquantaine de pays accueilleraient 360 000 réfugiés dans l’année à venir, soit le double des chiffres actuels.

Un engagement monétaire de 100 millions de dollars est également pris par la Chine pour la cause des réfugiés.

21 septembre

Égypte

Un bateau transportant 600 migrants fait naufrage au large de l’Égypte et fait au moins 42 morts.

26 septembre

France

Le président français François Hollande promet le démantèlement complet du camp de La Lande, surnommé la « jungle » de Calais, d’ici 2017. Le bidonville regroupe à ce jour entre 7000 et 10 000 réfugiés espérant rejoindre le Royaume-Uni et dont la présence est source de tensions en France. Beaucoup de ces migrants, refoulés par les autorités anglaises, décident de s’établir illégalement en France.

La France est davantage un pays de transit que d’établissement pour les migrants; 80 000 demandes d’asile sont enregistrées en 2015, soit dix fois moins qu’en Allemagne.

2 octobre

La Hongrie tient un référendum auprès de sa population quant aux relocalisations de réfugiés en Europe prévues en vertu de l’Accord UE–Turquie. Le premier ministre Orban, ouvertement anti-immigration, désire affranchir le pays de l’obligation d’accueillir des Syriens, initiative dénoncée par les organisations de défense des droits des migrants.

Le référendum est cependant invalidé en raison d’un trop faible taux de participation, malgré un vote de 98.3 % contre les quotas de migrants.

Le quota d’accueil de la Hongrie prévoit la création de 1294 places pour les réfugiés.

Les analystes considèrent que cet évènement s’inscrit dans une suite logique de remise en question de l’autorité de l’UE, dont l’immigration est l’un des enjeux principaux.

3 octobre

Méditerranée

Plus de 6000 migrants sont secourus en Méditerranée et au moins 20 individus décèdent.

Cette opération d’envergure s’explique entre autres par les conditions climatiques, qui obligent les bateaux des passeurs libyens à quitter par vagues vers l’Europe. Cela amène parfois les secours à intervenir sur plus de 30 embarcations en l’espace d’une journée.

4 octobre

Méditerranée

Quelques autres milliers de migrants sont secourus en Méditerranée. Plus de 10 600 individus ont donc été secourus pour les 3 et 4 octobre réunis et plus de trente décès sont recensés.

22-23 octobre

Méditerranée

2400 migrants sont secourus au large de la Libye lors d’une opération de sauvetage massive. On dénombre une quinzaine de morts.

À cette date, c’est plus de 146 500 migrants qui ont atteint l’Italie par la Méditerranée en 2016.

24 octobre

France

Les autorités françaises déplacent quelque 2318 demandeurs d’asile en provenance du camp de Calais, signe de la reprise de son démantèlement. Ils sont dirigés vers les 451 différents centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis à l’échelle du pays. Les individus déplacés, convaincus par les autorités, renoncent ainsi à leur objectif d’atteindre la Grande-Bretagne.

Les évacuations se poursuivent le lendemain et les autorités procèdent également à la destruction des abris des migrants. C’est 3100 migrants qui sont déplacés en 2 jours.

Depuis le début du mois, la Grande-Bretagne aurait accepté la demande d’asile de 200 mineurs résidants au camp. Cependant, le HCR rapporte que le démantèlement de la jungle aurait abandonné à eux-mêmes plus de 100 enfants non accompagnés pendant plusieurs jours, en attendant que les autorités prennent une décision à leur sujet.

À la suite de ces relocalisations, les demandes d’asile déposées en France augmentent. Elles sont à ce jour au nombre de 100 000 pour 2016, alors qu’elles avaient été de 80 000 pour l’année 2015.

3 novembre

Italie

Amnesty International publie un rapport dénonçant les abus que les demandeurs d’asile subiraient aux mains de la police italienne. Ils mentionnent des cas de violence physique, d’humiliation sexuelle et de détention prolongée. Une approche coercitive serait utilisée afin d’obtenir les empreintes digitales des migrants récalcitrants, qui désirent plutôt demander l’asile dans un autre pays que l’Italie. Les mesures d’accueil et d’évaluation des migrants nouvellement débarqués par bateau les empêcheraient de faire valoir leurs droits et de procéder à une demande d’asile, même s’ils ont des motifs valables pour le faire.

L’UE avait reproché à l’Italie son application laxiste de l’enregistrement des empreintes digitales des migrants et avait obligé les autorités italiennes à renforcer leurs mesures, en cautionnant même l’usage de la coercition. L’Italie avait donc durci ses mesures et le taux d’enregistrement digital y serait aujourd’hui de presque 100 %, alors que de 2013 à 2015, des dizaines de milliers de Syriens et d’Érythréen auraient été en mesure de migrer au-delà de l’Italie sans y laisser de trace de leur passage.

19 novembre 2017

Libye

Des pratiques relevant de l’esclavage auprès des migrants. Lire l’article de sur La Presse+.

Carte interactive des enjeux migratoires au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, 2011-2016

Cet outil interactif cherche à répertorier les principaux événements reliés aux mouvements migratoires découlant des guerres et des crises politiques survenues en Asie et en Afrique entre 2011 et 2016. Il permet de documenter les mouvements transfrontaliers de populations ainsi que les actions politiques des états touchés afin de composer avec ces migrants. La carte interactive permet notamment d’en apprendre sur le volume, la composition et la direction des déplacements de populations, sur les lois et les ententes intervenues pour gérer le déplacement de ces personnes et sur les barrières physiques ou administratives érigées afin de freiner l’entrée des migrants dans certains pays.

Comment naviguer sur la carte ?

La carte est divisée en quatre sections :

  1. Barre d’information : Vous permet de voir la période courante, d’appliquer des filtres sur les événements affichés, de voir un lexique qui explique certains termes et la bibliographie.
  2. La carte : Situe géographiquement les événements sur la carte. En cliquant sur une icône, le détail de l’événement apparaitra dans le haut de la section de droite.
  3. La section de détails des événements : Affiche le détail des événements, de façon chronologique, pour la période courante. En cliquant dans le texte de l’événement, celui-ci sera mis en évidence sur la carte afin que vous puissiez le situer géographiquement.
  4. Navigation : Vous permet de naviguer à travers les différents trimestres de chaque année. Vous devez cliquer sur le bouton « Suivant » afin de passer à la prochaine période.

Crédits : Stéphanie Arsenault et Véronique Tessier, École de service social, Université Laval. Maxime Breton, Nicolas Martin, Centre de services en TI et en pédagogie, Université Laval.